
Rien ne s'oppose à la nuit.
MARIE SOPHIE WILSON PAR ALEXIA SILVAGNI
Alexia Silvagni, née à Paris en 1966. Française et Italienne. En 1984, fraîchement diplômée en Histoire, Alexia choisit de devenir journaliste de mode. Elle travaille pour le magazine Elle mais aussi et surtout pour la version française de Glamour, depuis sa création jusqu’à sa fermeture en 1995. Elle contribue en tant que styliste à d’autres éditions comme Vogue France et Mixte. Dans le même temps, elle est consultante pour certaines émissions de télé consacrées à la mode, notamment sur France 2 et M6. Elle collabore régulièrement en tant que styliste photo avec Elle, Vanity Fair, L’Express Styles ou encore W Magazine.
MARIE-SOPHIE WILSON
Elle a dans les yeux la grâce de ceux qui se sont laissé porter par leurs rêves. Même ceux qu’on ne soupçonne pas. Car rien ne prédestinait Marie-Sophie Wilson à une carrière de mannequin, encore moins à une trajectoire de top, iconique des années 80 et 90. A 20 ans, elle est étudiante en Langues à Lille, lorsqu’elle franchit la porte d’une agence de mannequins, convaincue par ses amis. « J’avais déjà eu plusieurs propositions pour poser pour des photos, mais ce n’était pas vraiment mon truc. A l’époque, j’étais dans la musique, le punk ! Je jouais de la batterie dans un groupe. La mode était très éloignée de mon univers, hormis ma panoplie de rockeuse », nous confie-t-elle dans un rire, depuis sa maison de l’Hérault, où elle vit depuis une dizaine d’années. Elle s’envole vite pour Milan (avec son rat apprivoisé !), repérée par une agence Italienne. Et se laisse porter avec aisance par la suite des évènements, naviguant entre défilés et séances photos avec les plus grands photographes, pour les plus grands magazines. Son mètre soixante-dix-huit élancé, son beau visage racé aux accents préraphaélites cerclé de longues boucles blondes se mettent alors au service du beau. « J’avais un physique atypique. Je ne correspondais pas aux standards incarnés par les Américaines ou Suédoises alors en vue, aux silhouettes très athlétiques » raconte-t-elle.
Sa différence séduit les créateurs audacieux et prompts à, changer. Elle ouvre le premier défilé de John Galliano en 1985, collabore avec les visionnaires que sont Martine Sitbon et Marc Ascoli, mais également avec Rei Kawakubo, Azzedine Alaïa, Helmut Lang ou Martin Margiela. Muse du photographe Peter Lindbergh, elle a réalisé à ses côtés des clichés parmi les plus remarquables des années 90. « Toute cette époque était follement joyeuse et créative. Nous n’avions pas l’impression de faire des photos de mode, cela s’inscrivait plus dans un projet artistique », commente-t-elle aujourd’hui. À 55 ans, cette mère de deux grands enfants continue de se distinguer à travers la foule de mannequins de moins de vingt ans. Son élégante silhouette a été récemment aperçue lors du dernier défilé de la créatrice Anglaise Simone Rocha ou encore sur le podium d’Hermès, il y a quelques saisons. Toujours passionnée d’arts et de musique, elle s’est récemment tournée vers la réalisation et la production de documentaires. Elle produit en effet un film sur le musicien et photographe américain John Cohen, et réalise également une plongée sur le deuil, à travers la fête des morts au Mexique. Mue, toujours, par cette recherche du beau, de l’inattendu et de la singularité.
Maud Gabrielson
Mannequin : Marie-Sophie Wilson
Photo : Alexia Silvagni @ Michele Filomeno
Réalisation et stylisme : Isabelle Peyrut @ Call my Agent
Texte : Maud Gabrielson
Coiffure et maquillage : Bruno Silvani
Opérateur numérique et retouche : Pardon my French