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Quentin Carnaille

Introspection

Quatre colonnes laquées de noir postées aux coins d’un carré virtuel. Au-dessus de chacune d’elles, un cube, de la même matière, en lévitation. 
Quatre monolithes identiques. Difficile de ne pas penser à celui de 2001, L’Odyssée de l’espace, vous voyez ? Pour un peu on entendrait le morceau de Richard Strauss, « Also sprach Zarathustra ». 
Quatre sentinelles sombres, intimidantes, et chacune tournée vers un tableau qui lui est propre. Des fenêtres ouvertes sur des corridors sans fin, par le biais de jeux de lumières et de miroirs. Comme dans ces vieilles attractions que sont les palais des glaces.
« Introspection ». C’est ainsi que Quentin Carnaille a baptisé cette création, la dernière en date pour l’artiste roubaisien. Sa thématique de prédilection était jusqu’ici le temps. Son travail à base de mécanismes de montres lui avait permis de se faire remarquer. Il passe ici un cap en traitant de l’espace. Plus que cela, même, on peut parler de rupture, d’un tournant vers une expression beaucoup plus conceptuelle. Risqué, mais sincère.
Car l’artiste prend très à cœur son activité de création. Un mélange d’ambition assumée et d’exigence. Quentin Carnaille ne souhaite qu’une chose. Interpeller, partager avec nous les questions qu’il se pose et donner à réfléchir. Sur le temps, donc, sur l’espace et sur l’homme, dans son ensemble et surtout dans l’expression de sa singularité, thème central pour lui.


« Introspection » est une projection de ces interrogations. Les quatre monolithes se ressemblent. Leur uniformité crée l’unité, cet effet de masse, point d’appui délimitant l’espace de déplacement au cœur de l’installation. Mais chacun est, par définition, unique. Ils sont donc à la fois ensemble, inséparables physiquement puisqu’immobiles, et seuls, chacun entretenant un dialogue singulier avec le tableau qui lui fait face. Chaque tableau, différent des trois autres, est la représentation mentale de la colonne à laquelle il est associé. Il symbolise pour l’artiste sa singularité. Le visiteur ajoute une dimension à cette pièce, découvrant ces différents niveaux de lecture au fil de ses déplacements au sein de l’installation.
Corps et esprit, masse et légèreté, immobilité et voyage, espace limité du corps et fuite infinie de l’esprit, unité et multiplicité, idée d’un tout universel constitué d’individus singuliers : Quentin Carnaille ouvre avec « Introspection » de multiples dimensions. Il offre à son spectateur la possibilité de vagabonder, de se perdre, un voyage immobile. Une œuvre d’art, en somme.

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