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larry levan

Dance machine

DJ mythique, précurseur, sorcier du son, père de tous les DJ. Les superlatifs sont de sortie pour parler de Larry Levan. Il a tenu les platines du Paradise Garage, New York, durant 11 ans. 11 années qui ont suffi à forger sa légende.

8 novembre 1992. Larry Levan décède à 38 ans d’une crise cardiaque. Son nom vous est peut-être inconnu. Son héritage, sûrement pas. Entre 1976 et 1987, ce type a tenu les platines du Paradise Garage, à New York. Quoi ? Un simple DJ ? Oui. Mais non. En 11 années, et dans un contexte bien particulier, Larry Levan a littéralement défini un nouveau mode d’expression et bâti ce qui fait aujourd’hui sa légende. Si les DJ peuvent, parfois, être considérés comme des artistes à part entière, c’est en grande partie grâce à lui. Premier DJ à se produire dans le monde entier, premier également à développer son propre label, il fait l’objet – n’ayons pas peur des mots – d’un véritable culte.

L’année dernière, un rassemblement était organisé devant le batiment qui abritait le Paradise Garage jusqu’à sa fermeture en 1987, au 84 King Street, SoHo, New York. 20 000 personnes ont rendu hommage au DJ lors d’une street party d’anthologie. Une pétition circule en ligne pour rebaptiser la rue en « Larry Levan way ». Un projet de film sur l’histoire du club et de son légendaire résident est même en préparation, financé par le crowdfunding sur Kickstarter. Pourquoi cet engouement ?

La légende s’amorce au milieu des années 70, à New York, donc. Larry traîne ses guêtres et ses vinyls dans différents clubs et commence à se faire un nom. Son pote Frankie Knuckles ne va pas tarder à partir pour Chicago. Il en fera le berceau de la House music. Larry reste à New York. Deux pointures de l’époque l’inspirent. Le premier, Nicky Siano, est DJ résident du club « The Gallery ». Il est l’un des premiers à mixer en utilisant le changement de vitesse des platines. Son style est flamboyant. Le second, David Mancuso, est au « Loft ». Il est plus intense, plus cérébral, capable de créer des atmosphères uniques en intégrant par exemple à son set des morceaux plus lents.

Un certain Michael Brody, qui connaît bien Levan pour avoir travaillé avec lui, lui offre la résidence du nouveau club qu’il veut lancer. Une politique: « members only ». Un objectif: concurrencer le Studio 54. Le lieu est un ancien parking. Le nom est tout trouvé. Ce sera le Paradise Garage. L’ouverture officielle a lieu en janvier 1978. C’est un désastre. Les équipements audio ont été livrés en retard et personne n’est autorisé à entrer avant que les réglages ne soient terminés. Dehors, les invités attendent  dans le blizzard. Quand ils peuvent enfin entrer, il fait aussi froid à l’intérieur que dehors. Les « pretty boys » de Manhattan ne mettront plus jamais les pieds au Paradise Garage. C’est un mal pour un bien, et même LA chance de Larry Levan. D’un seul coup, il n’est plus obligé de jouer pour un public dont il se fout et qui, de toute manière, n’acceptait pas son caractère et ses excentricités. Il va pouvoir se concentrer sur son objectif à lui : faire danser.

Car Larry ne fait pas de compromis. Notamment sur le son. Le sound system qu’il utilisait n’a apparemment jamais été égalé. Lisez tous les témoignages de l’époque : tous parleront du son du club. Lourd et pourtant clair comme du cristal. Des basses qui vous remuent les tripes. Pas d’écho – les murs du club avaient été traités à la fibre de verre.

Conçu par Richard Long, le dispositif était étalonné avant chaque soirée. A mesure que la soirée avançait, sans clim, avec 3000 personnes sur le dance-floor, les enceintes chauffaient et le son changeait, obligeant Larry à bidouiller ses amplis toute la nuit. Mais quel résultat ! Une fête incroyable, chaque soir. Une transe collective sans cesse renouvelée. Une messe hebdomadaire. Larry a ses adeptes. Il faut lire ou écouter leurs propos. Il revient dans chacun d’eux quelque chose de mystique, voire de spirituel.

Larry, pourtant, casse tous les codes. Il peut envoyer une balade ou un morceau a cappella au pic de la soirée, jouer un unique disque durant une heure, ou encore créer une cacophonie en laissant courir deux morceaux en même temps. Qu’importe, la soirée doit être un voyage.
Et chaque soir, Larry compose à partir des rythmes et compositions des autres pour créer son propre tempo. Il raconte une histoire différente, selon le contexte. Selon son humeur, surtout. Le DJ n’aime rien tant que maîtriser la foule en-dessous de lui. Et il excelle. Une citation du « New York Newsday » illustre bien le phénomène : « Imaginez un laboratoire sonore expérimental installé dans une église, remplacez les bancs par un dance-floor bondé, et vous vous ferez une petite idée de l’atmosphère exaltante et joyeuse créée par le légendaire DJ Larry Levan durant ses 11 années de règne au Paradise Garage. »

La mauvaise nouvelle ? C’est qu’il y a peu de chance que nous connaissions ça de nouveau. Le journaliste musical Peter Shapiro ne dit pas autre chose dans un de ses articles, très exhaustif sur le personnage. « C’était peut-être un génie, mais la légende de Levan est aussi le résultat d’un bon timing. Aucun autre DJ n’a eu la sécurité que lui a donnée Michael Brody, et certainement aucun autre n’a eu une foule pareille, prête à céder au moindre de ses caprices. Levan a pu prendre des risques qu’aucun autre DJ n’a jamais pu prendre ». Le fruit d’une époque et de circonstances exceptionnelles. Right time, right place.

Paradise Garage, rules and regulations 1982

All Garage membership cards are the property of the Garage and may be confiscated and revoked at the discretion of the management.
Members must have their membership I.D. cards with them for admission. Without this card admittance may be denied or guest prices charges.
Members are allowed 4 guests on Friday and 4 guests on Saturday. If you intend to bring more than 4 guests, it is required to call the office #255-4517, and make a reservation for the extra guests. Reservations for extra guests must be made before the party begins.
On Saturday or where Saturday door policy is specified, members may not bring more than one female guest. She must have with her a proper I.D. proving she is 25 years of age. Without this I.D. women guests will not be admitted on Saturdays.
Friday night membership cards may not be used for admittance on Saturdays or special parties except where specifically announced.
Your guests must be at least 22 years of age. If your guest looks to be under 22 admission may be denied without proper proof of age.
Members found bringing a stranger into the club will have their membership card confiscated on the spot.
We will not accept guest names by phone. Your guests must arrive with you. If your guest is found waiting for you in front of the club or on the corner, your guest will be denied admittance that evening. Please find a suitable alternative meeting place for your guest other than the block of the club. Likewise, if your guest arrives at the door before you, admission will be denied to your guest for the remainder of the night.
Drug dealing of any kind will not be tolerated. Members will lose their membership status. Guests will be immediately expelled from the club. Members will be held accountable for the behavior of their guests.
No alcoholic beverages are permitted within the club.
Exits are to be used only once during the night. Anyone departing and wishing to return the same night will be charged a second admission.
All coats, bags and personal items must be checked in the coatroom. Personal belongings found in and behind sneakers or anywhere other than the coatroom will be placed in the coatroom and will not be returned until the end of the party. A service charge per item will be required.
Our coatroom rules and liabilities are posted in the coatroom.
Cameras, radios and recording devices are not permitted within the club.
Dancing on our speakers can cause damage. Please remember this.
Last but not least, the Garage is a party place. « Sleepers, Go home to sleep !

Texte : Gladys Kautek - Photos : ©DR & Tania Fuentez media
Live at the Paradise Garage

 

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