
numéro 3
édito
- Hé les gars, on explique pourquoi on a fait un numéro en noir et blanc ?
- Pourquoi ?
- Ben, je ne sais pas, moi, c’est quand même un choix fort, non ?
- Oui, mais en même temps, la série sur Cuba, elle est en couleurs.
- Ok, mais Cuba, c’est LE pays métis. Métis, noir et blanc, on le traite en couleurs, tu vois le décalage ?
- Merci, oui, je te rappelle qu’on l’a fait ensemble, ce mag.
- J’en sais rien, moi, tu me demandes, je te réponds. Tu n’as qu’à parler de Pierre Soulages. Tu sais, le noir source de lumière, couleur violente, mais qui invite à l’intériorisation, tout çà.
- Mouais. Un peu pointu, non ?
- J’ai une idée ! J’ai une idée ! Tu fais un truc sur toutes les expressions avec des couleurs ! On boit notre café noir, tout n’est pas rose, on a vu rouge, et bim ! On dit qu’on a choisi le noir et blanc, et.. et..
- …
- Non ? C’est pas bien ?
- Laisse tomber, on va leur faire confiance et les laisser se faire une idée comme des grands sur les blousons noirs, la dame au damier, les soirées dark, Cuba vu par Morgan, et tout le reste.
- Parle quand même de nos nouveaux copains Jason, Greg, Dirk et des photos de fou qu’ils nous ont données.
- Ils ne risquent pas de les louper. Non, je sais, on va faire comme pour un livre, un vrai, je vais mettre une épigraphe.
- Une quoi ?
- Une épigraphe : une phrase ou une citation placée en tête d’un livre, pour en annoncer ou résumer le contenu, ou pour éclairer sur les intentions du ou des auteurs.
- (pouces en l’air)
« Je suis blanc, il est noir, la différence ne se voit que dans les yeux des bâtards. »
Suprême NTM
« Je suis aveugle, mais on trouve toujours plus malheureux que soi… J’aurais pu être noir. »
Ray Charles
« Voici comment Juliette, à 15h37, voyait remuer les pages de cet objet que, dans le langage journalistique, on nomme une revue. Et voilà, comment environ 150 images plus loin, une autre jeune femme, sa semblable, sa sœur, voyait le même objet. Où est donc la vérité ? De face ou de profil ? Et d’abord un objet qu’est-ce que c’est ? Peut-être qu'un objet est ce qui permet de relier, de passer d'un sujet à l'autre, donc de vivre en société, d'être ensemble. »
Jean-Luc Godard, extrait de « Deux ou trois choses que je sais d’elle », 1967