
Excentrique Cité
C'est beau, Dunkerque.
Si, si. Allez faire un tour dans le secteur de Rosendaël. Et cherchez bien. Vous y trouverez un quartier étonnant, « Excentric » – c’est son nom – fait de trois rues en forme de « U » bordées de trente cinq maisons uniques. Le fait qu’elles soient toutes encore debout relève du miracle, quand on sait qu’au lendemain de la seconde guerre mondiale, 70% de la ville était détruite. Elles témoignent d’une époque, d’une certaine idée de l’art déco flamand, et constituent l’héritage d’un homme aussi atypique que ces maisons, toutes sorties de son esprit.
Cet homme, c’est François Reynaert, né en 1887 à Dunkerque, dans le quartier de la Tente Verte. Maçon et décorateur autodidacte, il construit en 1927 la première habitation de ce quartier. Il la baptise « L’Escargot ». 34 suivront. Chacune portant un nom en lien soit avec l’activité de leur propriétaire, soit avec une spécificité du design de la façade, soit encore suivant une innovation caractéristique. Sortiront ainsi de terre « Les disques », « Les cubes », « Les anneaux », « Les cygnes », « L’Araignée », « Ma coquille », « Le pylône » et les autres.
Ironie de l’histoire, François Reynaert, souhaitant participer au sortir de la guerre à la reconstruction de la ville, avait déposé une esquisse du « Grand Dunkerque ». N’étant pas diplômé d’architecture, il ne put exercer officiellement ce métier et dut même faire appel à de « vrais » architectes pour achever « son » quartier. Un comble. Il est mort durant l’été 1958, à son domicile, dans le quartier qu’il avait créé.